La contestation interne au PCF s'organise face à Buffet
Des opposants à la direction du PCF appellent Marie-George Buffet a déverrouiller le débat pour permettre une "transformation profonde" du parti dans la perspective du congrès de décembre prochain.
Une vingtaine de personnalités ont réaffirmé leur position lors d'une réunion regroupant lundi matin à Paris des proches de l'ancien numéro un Robert Hue, tel Pierre Blotin, et de refondateurs comme Roger Martelli et Pierre Zarka, ancien directeur de l'Humanité.
Parallèlement, les animateurs d'un deuxième front de contestation à la secrétaire nationale du PCF devaient se retrouver mardi à l'initiative de "non alignés" comme Marie-Pierre Vieu, figure montante du parti.
Des militants soupçonnent Marie-George Buffet, qui s'était engagée à passer la main lors du congrès de décembre, de vouloir rester à la tête du PCF jusqu'aux régionales de 2010 et de maintenir à dessein le statu quo.
La secrétaire nationale du PCF avait évoqué son départ après son score historiquement bas de la présidentielle (1,93%), en partie compensé par la bonne tenue du parti aux municipales.
Mais Daniel Brunel, vice-président PCF du conseil régional d'Ile-de-France et initiateur de la réunion de lundi assure qu'il ne s'agit pas d'une question de leadership.
"Elle reste, elle part, je ne suis pas obsédé par ça", dit-il à Reuters.
Pour Daniel Brunel, le PCF ne peut pas être en situation de travailler sur une alternative à gauche s'il n'engage pas une véritable "rupture" "Soit on reste comme on est, mais le déclin est historique maintenant, ou alors on entreprend autre chose."
DROIT DANS LE MUR ?
Face à la montée des contestations, la secrétaire nationale s'est défendue de verrouiller le débat et a même appelé "tous les communistes qui ont des idées nouvelles, qui ont une opinion sur telle ou telle transformation à les apporter, à les donner".
"Il n'y a aucun moyen de verrouiller le débat dans le Parti communiste français. Il ne faut pas d'autocensure", a-t-elle affirmé lors d'une conférence de presse la semaine dernière.
Mais les opposants à la secrétaire nationale dénoncent une reprise en main destinée, selon eux, à faire en sorte que "rien ne change" sous une apparence de débat qui "noie les vraies questions."
"La façon fermée dont la direction prépare ce congrès nous envoie droit dans le mur", a ainsi affirmé Michel Maso, proche de Robert Hue.
Dans Libération, Marie-Pierre Vieu a récemment dit partager l'inquiétude des militants découragés de voir qu'Olivier Besancenot, le porte-parole de la LCR "nous dépouille en invitant Jean Ferrat chez Drucker", une émission de télévision grand public.
Daniel Brunel, qui prévoit "d'autres initiatives", souhaite qu'on mette entre les mains des communistes "cette alternative entre rester comme on est, bouger un petit peu, ou changer radicalement, transformer."
"Je serai respectueux des décisions mais il n'y a pas de mi-parcours, je fais un petit pas en avant, un petit pas en arrière", explique-t-il.