Deux ans fermes et procès expéditif pour le routier responsable de la mort de deux motards

Citation :

Le procès aura été aussi expéditif que l’enquête. Le chauffeur-routier à l’origine de l’accident qui a coûté la vie à deux motards vendredi matin à Vienne (Isère), a été condamné à cinq ans de prison, dont deux fermes. L’homme, âgé de 38 ans, encore en état de choc, n’a pas réagi à sa condamnation. En début d’audience, l’avocate du chauffeur-routier avait demandé un supplément d’information pour permettre l’ouverture d’une instruction et « faire toute la lumière sur cette affaire ». En formulant une telle demande, juridiquement, l’avocate prenait le risque, en cas de refus du tribunal, de voir son client jugé immédiatement, sans avoir le temps de préparer sa défense (1).

« Mon client n’a pas formulé de demande claire. Il est en état de choc. Il pense aux victimes et à leurs familles. Même face à face dans la cellule, il ne parlait pas et ne s’intéressait pas à la peine qu’il pouvait encourir », expliquait à l’issue de l’audience Maître Morgane Gibert. Qui s’est dit finalement « satisfaite » de la peine prononcée, compte tenu du très lourd bilan de l’accident et des « erreurs » commises par son client. Le chauffeur-routier, habitant la région, est père de trois enfants. Il n’avait jamais été condamné auparavant.

Au moment des faits, vendredi vers 4h30 du matin, le chauffeur-routier avait un taux d’alcoolémie dans le sang deux fois supérieur au taux autorisé (à 0,42mg par litre d’air expiré contre les 0,25 mg tolérés). Il avait bu des verres la veille chez des amis et n’avait dormi que quelques heures. Après avoir raté un embranchement, il avait effectué un demi-tour interdit, bloquant toute la largeur d’une voie rapide à l’entrée de Vienne. La moto n’a pas pu l’éviter et a percuté de plein fouet le camion. Le conducteur et son passager ont été tués sur le coup.

Dans un premier temps, étant donnée la violence du choc, le procureur de la République, avait évoqué l’hypothèse d’un éventuel excès de vitesse de la part de la moto. Avant de balayer cette piste suite à l’audition d’un témoin, un automobiliste qui suivait la moto au moment des faits, assurant que celle-ci respectait les limitations de vitesse. Le témoin, présent au procès, n’a pas été entendu à l’audience, les magistrats se contentant de ses PV d’auditions. En marge de l’audience, répondant aux questions des journalistes, ce même témoin expliquait que la moto roulait comme lui à environ 90 km/heure. Or, sur cette portion de voie, elle était limitée à 50. Ce que semble ignorer le témoin, lui aussi visiblement en état de choc.

Les deux victimes, un homme de 29 ans, père de trois enfants, et un autre homme de 24 ans, étaient collègues. Tous deux policiers, ils se rendaient à leur travail au commissariat de Vénissieux, dans la banlieue sud-est de Lyon. L’accident a suscité une émotion considérable dans les rangs de la police. La ministre de l’Intérieur s'est d’ailleurs rendue à Vénissieux quelques heures seulement après l’accident. Rappelant la nécessité de poursuivre la lutte contre l’alcoolisme menée par le gouvernement. Et témoignant tout son soutien aux collègues et familles des victimes.

A.Gd.

(1) Lors d’une comparution immédiate, les prévenus peuvent demander un renvoi pour avoir le temps de préparer leur défense. Cette demande (contrairement à un supplément d’information) ne peut être refusée par le tribunal.

Source libération

Je ne comprends pas pourquoi le renvoi n'a pas été accepté ...

Mais bon, il fallait peut être calmer les policiers.
Nous sommes toujours confrontés à des affaires de corporatisme.

Au fait, le routier n'avait "que" 0,42 mg/l. Donc très loin d'être ivre mort.
Les motards roulaient vite (90 au lieu de 50 ...).

Par ailleurs, deux ans pour avoir tué deux personnes par imprudence, c'est relativement peu ...