Le tribunal de Tiaret a requis deux ans de prison ferme à l'encontre de six personnes accusées d'exercice illégal d'un culte non-musulman. Une éducatrice convertie au catholicisme est par ailleurs dans l'attente de son verdict.Le procureur du tribunal correctionnel de Tiaret, dans le sud-ouest algérien, a requis mardi 27 mai deux ans de prison ferme à l'encontre de six jeunes convertis algériens accusés d'exercice illégal d'un culte non-musulman.
Le procureur a également requis une amende de 500.000 dinars (5.000 euros environ) à l'encontre de chacun des prévenus, qui comparaissaient dans un nouveau procès de convertis chrétiens.
Les six jeunes avaient été interpellés par la police algérienne à la sortie d'une maison où, selon l'accusation, ils venaient de tenir une messe sans autorisation.
Verdict reporté pour Habiba Kouider
Par ailleurs, on a appris que le tribunal de Tiaret a décidé mardi de reporter son verdict dans le procès d'une Algérienne convertie au christianisme et d'ordonner un complément d'information.
Habiba Kouider, 37 ans, comparaissait pour "prêche d'un culte non musulman sans autorisation".
Le procureur de Tiaret avait requis le 20 mai trois ans de prison ferme contre cette éducatrice, arrêtée dans un bus de transport public en possession d'une dizaine de bibles, selon le président de l'Eglise protestante d'Algérie Mustapha Krim, ou 25 exemplaires, selon le ministère des Affaires religieuses.
L'exercice d'un culte en Algérie - musulman ou non musulman - est soumis à une double autorisation officielle, la première désignant le prédicateur et la seconde fixant le lieu du culte.
"Triste" et "choquant" pour Rama Yade
Dimanche, la secrétaire d'Etat aux droits de l'Homme, Rama Yade, avait pris la défense de Habiba Kouider. "C'est triste, c'est choquant, d'abord parce que cela contrevient à la déclaration universelle des droits de l'Homme", qui proclame dans son article 18 la liberté de pensée, de conscience et de religion, avait-elle déclaré à Radio J.
"Conformément à l'article 18 de la déclaration universelle des droits de l'Homme et conformément à la tradition d'hospitalité de l'Algérie, je crois que ce serait bien d'avoir un geste de clémence", a-t-elle ajouté.
Cas précédent d'un prêtre catholique français
"Le christianisme ne menace pas l'islam en Algérie", a estimé Rama Yade. "Les chrétiens en Algérie sont 1% de la population, c'est-à-dire à peu près 11.500 personnes, 32 églises par rapport à 32.000 mosquées, donc je ne pense pas qu'il y ait une menace religieuse".
La secrétaire d'Etat aux droits de l'Homme a relevé qu'il ne s'agissait "pas du premier cas de ce type", évoquant celui d'un prêtre catholique français, Pierre Wallez, condamné en avril à deux mois de prison avec sursis pour prosélytisme, par la cour d'appel de Tlemcen (ouest de l'Algérie).
"Mais j'ai confiance dans la tolérance du peuple algérien", a encore indiqué Rama Yade.
Elle est bien la seule!